Discours de Jean-Luc Laurent, Président du Mouvement Républicain et Citoyen et député du Val-de-Marne, prononcé à l’occasion du débat général précédant l’examen par l’Assemblée Nationale du traité TSCG et de la loi organique dite de « la règle d’or », mardi 2 octobre 2012.
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier Ministre,
Mes chers collègues,
La crise de l'Euro dure et...j'ai un
e mauvaise nouvelle elle risque de durer encore.
Je parle ici au nom des trois députés du Mouvement Républicain et Citoyen, parti politique qui s'est constitué, en 1992 avec le référendum sur le traité de Maastricht qui a décidé la création de la monnaie unique.
Je vous prie de bien vouloir excuser notre constance mais derrière les fables qui nous sont servies sur les cigales et les fourmis, les méritants et les indisciplinés, les bons et les mauvais élèves de la Bundesbank, ceux qui ont besoin de coups de règle d'or sur les doigts et ceux qui reçoivent des bons points de la Commission, nous discernons la validité de nos thèses.Dix années de monnaie unique ne les ont pas émoussées et nous sommes convaincus qu'il n'y aura pas de vingtième anniversaire de l'Euro tel qu’il a été conçu.Les défauts constitutifs de la monnaie unique ne sont pas réductibles car c'est le concept même de monnaie unique qui est inadaptée à la diversité humaine, géographique, démographique, économique et politique de l'Europe.Face à l'alternative posée au départ entre monnaie unique et monnaie commune, nous défendons toujours la monnaie commune qui est la monnaie du réel, la monnaie du projet commun et de solidarités construites autour des nations qui sont les briques de base de la démocratie.Mais nous ne sommes pas des incendiaires. Nous ne nous réjouissons pas de l'incendie dans la maison euro. Incendie dont la crise des dettes publiques est la fumée mais dont le foyer réside dans le concept même de la monnaie unique et le creusement des différences de compétitivité. Quand le doigt montre le déficit public et le ratio « dette sur PIB », nous regardons les déséquilibres des balances commerciales et des balances des paiements car là se trouve le foyer de la crise.L'Euro était inadapté. L'extension à l'échelle de l'Europe de la politique de la Bundesbank était particulièrement inadaptée à une Europe hétérogène. Dix années de monnaie unique n'ont fait qu'aggraver le problème avec des stratégies nationales singulières d'adaptation à la contrainte monétaire et le chloroforme de taux d'intérêt faibles ou nuls. Le déclenchement de la crise financière a dit la vérité de ces dix années d'illusoires convergences.Nous ne sommes pas des incendiaires et c'est pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, nous sommes à vos côtés dans cette majorité présidentielle pour redresser la France dans la justice et changer l’Europe.Les parlementaires du Mouvement Républicain et Citoyen ne voteront ni le traité ni la loi organique qui instaure la « règle d'or », parce que nous sommes attachés à la souveraineté populaire.Le débat, comme vous l’avez dit M.le Premier Ministre, est utile. Ce débat européen est trop souvent confisqué par les impératifs de ceux qui nous demandent de toujours dire « oui ». Notre pays est trop profondément engagé dans la construction européenne depuis 50 ans pour que le débat européen soit confisqué dans un choix binaire entre un oui et un non. D’autant que la gauche c’est le débat, et ce débat sur la construction européenne, traverse la gauche depuis longtemps.Dans ce débat, notre non est constructif ; notre non est positif car s’il prend acte de l’absence de renégociation, il porte aussi l’exigence de la réorientation européenne.Nous ne voterons pas le traité car comme le dit l'accord signé par le MRC et le Parti Socialiste le 9 mars 2012, le traité est « inacceptable ».Le Président de la République a eu une parole forte, il a dit que le traité serait « renégocié » et « complété ». Renégocié, il ne l'a pas été. Il ne le sera pas. Complété, il a commencé à l'être lors du Sommet européen du 28 juin. Il devra l'être plus fortement pour faire plus que compenser la logique mortifère de l'austérité hérité de l'époque qu’on a qualifié de « Merkozy ». Il faut développer une politique de croissance en Europe par une politique active de la Banque Centrale, par une politique de change qui réduise la surévaluation de l’euro, par de grands investissements mutualisés et par la relance salariale dans les pays