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Rachida Dati, Nathalie Koscisko-Morizet, Claude Goasguen et Nadine Morano – pardon à ceux qu’on oublie – n’ont pas eu de mots assez durs pour condamner le ministre de l’Intérieur Manuel Valls après les émeutes des soit disant supporters du PSG au Trocadéro – certains ont même réclamé, avec le sens de la mesure qu’on leur connaît, sa démission ! Mais étrangement, tous font silence à propos des nouvelles découvertes des enquêteurs sur Claude Guéant, ou plutôt sur l’argent de Claude Guéant.
Après l’histoire à dormir debout des deux tableaux d’un peintre flamand du XVIIème siècle notoirement inconnu, vendus 500.000 euros à un « avocat malaisien », après les factures d’électroménager payées en liquide avec les primes secrètes du ministère de l’Intérieur – « 20.000 à 25.000 euros » -, voici maintenant un virement de 25.000 euros en provenance de Jordanie.
On est curieux de savoir ce qu’il a bien pu vendre en Jordanie pour ce prix-là ! Trêve de plaisanterie, la vie de Claude Guéant ressemble de moins en moins à celle d’un ministre d’Etat ou d’un haut fonctionnaire. Or, là, visiblement, les Robespierre de l’UMP, les Dati, NKM, Morano ou Goasguen, sont étrangement muets. Même pas un petit commentaire…
On peut, certes, comprendre l’embarras de Jean-François Copé, le patron de l’UMP : commenter les déboires de Claude Guéant, c’est prendre le risque de voir republier dans la presse les photos de ses baignades dans la piscine de Ziad Takieddine. Donc profil bas. Mais les autres ?
Dès que Le Canard Enchaîné a révélé le contenu de la perquisition effectuée au domicile de Claude Guéant, quelques sarkozystes ont aussitôt cru bon de prendre sa défense. « Guéant, un homme intègre »… « Guéant, un grand républicain » … « Guéant qui a consacré sa vie au service de l’Etat »… Les yeux dans les yeux, Guéant forcément innocent.
Mais depuis que Claude Guéant s’est auto-accusé, d’une certaine manière, de fraude fiscale et peut-être de détournement de fonds publics, les mêmes sont retournés à la niche. Courageux, mais pas téméraires.
En vérité, à l’UMP, on a visiblement un rapport à la justice à géométrie très variable. Quand Nicolas Sarkozy est mis en examen dans l’affaire Bettencourt pour abus de faiblesse, Henri Guaino dénonce une justice aux ordres, pilotée de l’Elysée. Il insulte et menace le juge d’instruction chargé de l’affaire et il se trouve même 105 députés de l’opposition pour soutenir ce comportement antirépublicain.
Mais quand le parquet, pourtant censé défendre la politique pénale du gouvernement, requiert un non-lieu pour Eric Woerth, mis en examen pour trafic d’influence passif et actif dans le cadre de la même affaire Bettencourt, les mêmes à l’UMP sont bizarrement aux abonnés absents.
A les entendre, la justice serait donc aux ordres dans un cas, mais pas dans l’autre. François Hollande – avec la Garde des Sceaux Christiane Taubira - tirerait les ficelles d’une justice « politique » dans un cas, pas dans l’autre.
Les Français, eux, ne sont pas dupes. Ils ont compris que, pour l’UMP, au-delà de l’hystérie ambiante, la justice est juste quand elle épargne ses amis. Elle est par nature injuste quand elle est implacable avec les siens.
Or, depuis un an, s’il y a matière à critiquer la politique menée par François Hollande sur certains points, il est un domaine où, indiscutablement, les progrès sont notoires par rapport au quinquennat de Nicolas Sarkozy : la justice, sur des affaires ultra-sensibles, agit visiblement en toute indépendance.
La même semaine, le parquet peut en effet requérir un non-lieu pour Eric Woerth et souhaiter un renvoi devant le juge pour Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI, un tout proche de Nicolas Sarkozy. Mieux, si Jérôme Cahuzac a finalement été contraint d’avouer publiquement qu’il est un délinquant fiscal, c’est bien parce que l’instruction a pu avancer sans frein, ni consigne politique.
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